Abraham Goldfaden - Les premières troupes
Abraham Goldfaden développe sa troupe en employant de nombreux acteurs et chanteurs. Il se produit à Bucarest, à Odessa et dans toute la Russie jusqu’en 1880, pour présenter ses comédies musicales : Shmendrik oder die komishe khaseneh (L’Idiot ou Le Drôle de mariage, 1877), Di Kishefmakherin (La Sorcière, 1879), Der Fanatik oder Di Tsvey Kuni Leml (Le Fanatique ou Les Deux Kuni Leml, 1880). Plus tard, il écrit des pièces plus littéraires et militantes comme Shulamis, Doktor Almosado ou Bar Kokhba.
Toutes ses créations théâtrales sont musicales : compositions originales, adaptations de chants religieux, folkloriques, populaires yiddish ou non, airs d’opéra italiens ou français. Sa pensée croise les traditions juives et la culture européenne.
Lorsque le théâtre yiddish est interdit, il quitte la Russie et voyage à Varsovie, Paris, Londres, New York, où il rencontre les troupes de théâtre yiddish existant dans ces pays. Il compose des pièces inspirées de drames bibliques : Kenig Akhashveyresh (Le Roi Assuérus, 1887), Akeydes Yitskhok (La Ligature d’Isaac).
Il dirige la troupe du Princess Club Theater à Londres en 1889 et rejoint Lemberg (aujourd’hui Lviv), où il demeure dans les années 1890. Il s’engage alors dans le sionisme et participe au congrès sioniste à Londres en 1900, ce qui influence ses œuvres comme Meshiekhs Tsaytn (Les Temps messianiques) en 1891 ou Ben Ami en 1907.
Les succès d’Abraham Goldfaden ont ouvert la voie de la concurrence. D’autres troupes voient le jour en Roumanie et en Russie, jouant le répertoire de Goldfaden ou ses imitations.
En 1881, quand le tsar Alexandre II est assassiné, plus de vingt troupes yiddish parcourent le yiddishland. Certaines jouent de belles opérettes ou comédies musicales, d’autres présentent de pâles imitations d’Abraham Goldfaden, que l’on qualifiait de shund (camelote). De nouveaux auteurs apparaissent : Joseph Lateiner, prof. Hurwitz, Nohem Mayer Shaykevitch (Shomer). Quand, en 1883, le théâtre yiddish est interdit en Russie (par suite de la vague de pogroms après l’assassinat du tsar Alexandre II), certaines troupes émigrent vers l’Angleterre ou l’Amérique, d’autres se font passer pour des troupes allemandes, jouant en daytshmerish (sorte de yiddish germanisé). L’interdiction ne sera levée qu’en 1905, à la suite de la révolution avortée.
Abraham Goldfaden
Abraham Goldfaden
Kenig Akhashveyresh
Kenig Akhashveyresh
Le Roi Assuérus, livret de l’opéra, 1885
Lorsque le théâtre yiddish est interdit, Abraham Goldfaden quitte la Russie et voyage à Varsovie, Paris, Londres, New York, où il rencontre les troupes de théâtre yiddish existant dans ces pays.
Il compose alors des pièces de théâtre inspirées de drames bibliques : Akeydes Yitskhok (La Ligature d’Isaac), Kenig Akhashveyresh (Le Roi Assuérus).
Source photo : Judaica Francfort
Sophie Karp née Sara Segal
Sophie Karp née Sara Segal
Egalement connue sous les noms de Sophie Goldstein, Sofia Carp et Sophie Karp (1861 -1904)
Première femme à devenir comédienne yiddish professionnelle.
Pour entrer dans la troupe d'Abraham Goldfaden sans (trop) désobéir à sa mère, elle épousa le seul des trois comédiens qui n’était pas encore marié : Sokher Goldstein !
Source : nypl.org
Bar Kochba
Bar Kochba
Le Fils de l’étoile, opérette composée entre 1883 et 1885
Mélodrame musical en vers en quatre actes, un prologue et quatorze tableaux.
Glorifiant l’héroïsme juif lors d’une révolte contre l’empire romain, Abraham Goldfaden est alors accusé de s’opposer au gouvernement russe.
Affiche de l’opérette lors d'une reprise à New York en 1917.
Source photo : commons.wikimedia
Di Bobe mitn Einikl
Di Bobe mitn Einikl
Frontispice de la pièce La Grand-mère et sa petite fille, 1876
Mélodrame en 3 actes
Abraham Goldfaden développe sa troupe en employant de nombreux acteurs et chanteurs.
Il se produit à Bucarest, Odessa et dans toute la Russie jusqu’en 1880, pour présenter ses comédies musicales :
Shmendrik oder die komishe khaseneh (L’Idiot ou Le Drôle de mariage, 1877), Di Kishefmakherin (La Sorcière, 1879), Der Fanatik oder Di Tsvey Kuni Leml (Le Fanatique ou les Deux Kuni-Leml, 1880).
Représentation d’une scène de Shulamis
Représentation d’une scène de Shulamis
Opérette romantique écrite par Abraham Goldfaden en 1880
Ani Litan (à droite) et un autre acteur dans une scène d'une représentation VYKT (théâtre d'art yiddish de Varsovie) de Shulamis
Pologne, Lwów, 1937-1938.
Photographie de J. Melner.
Source : YIVO
Shulamis
Shulamis
Programme pour l'opérette Shulamis d'Abraham Goldfaden, 1906
Imprimé sur soie.
Kovno, Empire russe (aujourd'hui Kaunas, Lith.).
Source : YIVO
Di tsvey Kuni-Leml
Di tsvey Kuni-Leml
Les deux Kuni-Lemels, programme de 1924
Comédie yiddish en quatre actes d'Abraham Goldfaden, mise en scène de Maurice Schwartz.
Publié par la New York Hebrew Publishing Company. Illustration de la couverture : Yosl Kotler.
Source : nypl.org
Der Fanatik oder di tsvey Kuni-Leml
Der Fanatik oder di tsvey Kuni-Leml
Frontispice de la pièce Le Fanatique ou les deux Kuni-Leml, 1880
Toutes les créations théâtrales d'Abraham Goldfaden sont musicales : compositions originales, adaptations de chants religieux, folkloriques, populaires yiddish ou non, airs d’opéra italiens ou français. Sa pensée croise les traditions juives et la culture européenne.
Source photo : commons.wikimedia
Franz Kafka (1883 -1924)
Franz Kafka (1883 -1924)
Grand écrivain juif hongrois, amateur de théâtre yiddish
Dans son Journal de l’année 1911, Kafka décrit longuement les représentations de théâtre populaire yiddish au café Savoy, où il voit notamment Shulamis et Bar Kokhba de Goldfaden, mais aussi des pièces de Joseph Lateiner ou Jacob Gordin.
Il se lie d’amitié avec le comédien Yitzhak Löwy, qui l’initie au yiddish, à la littérature juive et en définitive le rend sensible à son identité juive (cf. l'âge d'or du Pourim shpil).
Source photo : wikipédia
« Certaines chansons, l'expression yidishe kinderlekh, le spectacle de cette femme qui, parce qu'elle est juive, nous attire sur la scène et nous attire à elle, nous autres spectateurs, parce que nous sommes juifs, sans désir ou curiosité à l’égard des chrétiens, m’ont fait passer un frisson sur les joues. » (5 octobre 1911).
En 1912, Kafka prononce un Discours sur la langue yiddish : « Avant d’entendre les premiers vers des poètes juifs d’Europe orientale, mesdames et messieurs, je voudrais aussi vous dire à quel point vous comprenez beaucoup plus de yiddish que vous ne croyez.[…] Vous serez très proches de l’esprit du yiddish si vous prenez conscience qu’en vous-mêmes, non seulement des connaissances mais aussi des forces sont à l’œuvre, et des forces convergentes, qui vous permettront de comprendre le yiddish par intuition. […] Mais si vous restez dans le silence, alors tout à coup, vous serez au cœur du yiddish- et le yiddish est un monde : il est le Verbe, la mélodie hassidique et l’être du comédien juif lui-même, alors vous ne reconnaîtrez plus votre calme passé. Vous serez à même de ressentir la véritable unité du yiddish, si fortement que vous aurez peur, non plus du yiddish mais de vous-même. »
Bar Kochba
Bar Kochba
Le Fils de l’étoile, opérette composée entre 1883 et 1885
Mélodrame musical en vers en quatre actes, un prologue et quatorze tableaux.
Glorifiant l’héroïsme juif lors d’une révolte contre l’empire romain, Abraham Goldfaden est alors accusé de s’opposer au gouvernement russe.
Affiche d'une représentation du groupe Tikvas Kanada (Espoir du Canada) de Pascani (maintenant en Roumanie) pour collecter des fonds pour « deux cents personnes affamées en route vers la Terre d'Israël ».
YIVO, 1900.
Source : YIVO