Le théâtre yiddish dans le yiddishland

LE THÉÂTRE YIDDISH

À partir de 1790, sous l’influence de la Haskala, le mouvement des Lumières juives, des auteurs juifs d’Europe orientale comme Wolfsohn, Aksenfeld, Gotlober ou Ettinger, commencent à écrire des textes dramatiques en yiddish, des lisedramen destinés à la lecture plutôt qu’à la scène.

Abraham Goldfaden (1840-1908), né en Ukraine, écrivain, poète, est le fondateur du théâtre yiddish. Il sera aussi directeur, imprésario, compositeur et metteur en scène. Il commence par publier des satires et des œuvres poétiques en yiddish dans Kol Mevaser (La Voix du Messager). Il lance plusieurs périodiques en yiddish. Sa première œuvre dramatique est Di Mume Sosye (La Tante Sosye).

Avec quelques acteurs chansonniers itinérants, de ceux qu’on connaissait en Galicie sous le nom de broder zinger, ainsi qu’avec des comédiens de Pourim shpiln, il fonde à Jassy (Roumanie) la première troupe de théâtre yiddish, qui joue un vaudeville dans le jardin de Pomul Verde le 5 octobre 1876 : c’est la naissance du théâtre yiddish.

Le théâtre yiddish aux États-Unis - Une explosion culturelle

De 1870 à 1924, plus de quatre millions de Juifs arrivent d’Europe de l’Est, principalement à New York (surnommée « Jew York ») mais d’autres communautés se forment aussi à Boston, Chicago ou Philadelphie. Les immigrants s’installent dans le nouveau quartier juif du Lower East Side, entre la 14e Rue, l’East River, Broadway et Catherine Street.

Le théâtre est le lieu de retrouvailles des immigrants, qui se passionnent pour les pièces mais aussi pour la carrière et la vie personnelle de ses stars. Le cortège funèbre de Sholem-Aleykhem rassemble ainsi 250 000 personnes en 1916 et celui de Jacob Adler 50 000 personnes sur Bowery en 1928 !

En 1910, New York compte plus de vingt théâtres yiddish, comme le People’s theater, le Windsor (37-39 Bowery),  le Thalia, mais aussi l’Union Square Theater, le Casino, le National Theater, le Turn Hall (66-68 4th Str. entre 2nd Ave. et Bowery), le Garden  (113 Bowery) rebaptisé l’Oriental.

Les trois théâtres sur Bowery Street présentent à eux seuls plus de mille spectacles en 1900, vendent deux millions de billets dont les moins chers coûtent 25 cents. Ils jouent aussi le vendredi soir et le samedi après-midi, en violation du shabbat, mais les rabbins ferment les yeux car les salles sont combles. Il faut dire qu’une grande partie du public juif arrivé d’Europe est laïque.