Il était une fois...
L’HISTOIRE D’ESTHER
En Perse, dans son palais de Suse, le roi Assuérus – אַחשװרוש, Akhashveyresh – offre un somptueux festin de cent quatre-vingts jours aux princes et aux gouverneurs de son royaume puis il invite toute la population à un grand festin de sept jours.
Le septième jour, ayant beaucoup bu, il convoque la reine Vashti –די מלכּה ושתּי, di malke Vashte – pour qu’elle vienne faire admirer sa beauté (nue, selon certaines interprétations). Celle-ci refuse. Le roi, en colère, prend conseil auprès de ses invités, et décide de répudier Vashti. Il envoie alors dans tout le royaume des messagers rechercher les jeunes filles les plus belles, parmi lesquelles il choisira sa nouvelle reine.
L’HISTOIRE D’ESTHER (suite)
Or en ce temps-là vivent à Suse des enfants d’Israël qui se sont exilés après la destruction du temple de Jérusalem par Nabuchodonosor. Parmi eux, le sage Mardochée – מרדכי הצדיק, Mordkhe hatsadik – est connu pour son refus de s’assimiler aux mœurs persanes et sa fidélité à la Torah. Il a adopté une nièce orpheline prénommée Hadassa, (myrte), ou Esther, – אסתּר, Ester – , (pour les uns, nom d’origine persane signifiant “étoile”, pour d’autres, mot d’origine hébraïque signifiant “caché”). Esther est très belle et elle est emmenée par les envoyés du roi pour lui être présentée. Mardochée lui recommande de cacher son origine au roi et Esther est choisie comme reine.
Mardochée, inquiet pour Esther, vient tous les jours s’asseoir à la porte du palais ; un jour, il entend deux officiers de la cour, Bigtan et Teyresh, comploter pour tuer le roi. Il envoie un message à Esther pour qu’elle avertisse le roi. Les deux officiers sont pendus et le fait est consigné dans les annales du royaume.
Assuérus comble ensuite d’honneurs un certain Haman – המן, Homen –, fils d’Agag, de la peuplade des Amalécites, homme fier et arrogant, qui s’est enrichi de façon douteuse. Celui-ci a pour ancêtre un certain Amalek, qui a attaqué le peuple hébreu du temps de Moïse, notamment les vieillards et les plus faibles. Les Perses doivent désormais se prosterner devant Haman ; Mardochée, lui, refuse de le faire en disant qu’il est juif et se prosterne uniquement devant Dieu. Quand il en prend connaissance, Haman est pris d’une grande colère et décide de se venger non seulement de Mardochée, mais aussi de tout le peuple juif. Haman consulte le “pour“, c’est-à-dire le sort, pour savoir en quel mois on pourrait anéantir les Juifs, et le sort désigne le mois de Adar (qui correspond au mois de mars).
Haman va dire au roi que les Juifs refusent d’observer les lois du royaume ; il lui demande de donner l’ordre de les faire périr en échange de quoi il versera dix mille talents au trésor. Assuérus accepte le conseil d’Haman et lui dit de faire tout ce qu’il veut. Le treizième jour du mois d’Adar, Haman décrète l’ordre, scellé du sceau royal, d’anéantir tous les Juifs du royaume.
Mardochée a connaissance du décret ; il se couvre d’un vêtement de deuil et se lamente dans toute la ville, dans l’espoir que Dieu l’entendra, et tous les Juifs se lamentent avec lui. Mardochée envoie un message à Esther pour qu’elle demande au roi la grâce de son peuple. Esther lui répond qu’elle n’a pas été conviée depuis trente jours et que toute personne venant voir le roi sans y avoir été conviée est mise à mort. Mais Mardochée l’avertit alors de ne pas croire qu’elle échappera seule au danger tandis que les Juifs périssent. Si elle garde le silence, les Juifs seront sauvés et elle sera perdue. C’est peut-être pour accomplir cette mission qu’elle est devenue reine. Esther fait demander à tous les Juifs de jeûner comme elle pendant trois jours.
Esther se rend ensuite chez le roi, trouve grâce à ses yeux et le roi lui accorde par avance toute requête qu’elle pourrait lui adresser. Elle lui demande de venir avec Haman au festin qu’elle a préparé et leur annonce qu’elle formulera une grande faveur le lendemain. Haman, soulagé, passe au retour devant Mardochée, qui ne se prosterne pas devant lui. Il rentre chez lui en colère et sa femme lui conseille de faire dresser une potence pour Mardochée, ce qu’il fait.
Cette nuit-là, le roi est empêché de dormir par des cauchemars qui le tourmentent. Il demande à son serviteur de lui lire les annales du Royaume et il entend le passage qui raconte comment Mardochée lui a sauvé la vie en dénonçant le complot tramé contre lui. A l’aube, il fait entrer Haman, qui attend devant la porte que le roi se réveille pour lui demander l’autorisation de faire pendre Mardochée. Le roi demande alors à Haman : “Que convient-il de faire pour l’homme que le roi désire honorer ?” Haman, certain que c’est de lui-même qu’il s’agit, propose “que cet homme soit revêtu de vêtements royaux, qu’on le fasse monter sur le cheval du roi, qu’il porte une couronne sur la tête, qu’on lui fasse parcourir les rues de la ville et qu’un noble seigneur marche devant lui en proclamant “c’est ainsi qu’est traité l’homme que le roi veut honorer ! “. Et Haman est obligé d’accomplir au profit de Mardochée tout ce qu’il a conseillé au roi !
Haman et Assuérus se rendent ensuite au deuxième festin qu’a préparé pour eux la reine Esther. Celle-ci demande alors au roi d’accorder la vie sauve au peuple juif et désigne Haman comme l’homme cruel qui a ordonné sa destruction. Le roi, furieux, annule le décret d’Haman, Esther révèle à Assuérus son lien avec Mardochée qui est promu grand vizir, et Haman est pendu sur la potence qu’il a fait préparer pour Mardochée.
Les derniers versets de la Meguilla rapportent la vengeance des Juifs, qui font pendre les dix fils d’Haman et massacrent leurs ennemis.
Le quatorzième jour du mois d’Adar est donc celui où les Juifs ont été délivrés de leurs ennemis. Esther et Mardochée demandent qu’il soit célébré par toutes les générations à venir. Ainsi naît la fête de Pourim.
L’histoire est sans doute fictive, mais elle reflète bien la vie à la cour de Perse, dont l’Empire s’étendait alors de l’Inde à l’Égypte. En 539 av J.-C., Cyrus II le Grand avait pris Babylone et rendu aux différents peuples leur liberté religieuse ; il avait autorisé les Juifs, alors en exil depuis cinquante ans, à retourner en Judée. On peut penser qu’Assuérus serait Xerxès Ier, fils de Darius Ier, qui régna au Ve siècle av J.-C.
L’HISTOIRE D’ESTHER (suite)
Or en ce temps-là vivent à Suse des enfants d’Israël qui se sont exilés après la destruction du temple de Jérusalem par Nabuchodonosor. Parmi eux, le sage Mardochée – מרדכי הצדיק, Mordkhe hatsadik – est connu pour son refus de s’assimiler aux mœurs persanes et sa fidélité à la Torah. Il a adopté une nièce orpheline prénommée Hadassa, (myrte), ou Esther, – אסתּר, Ester – , (pour les uns, nom d’origine persane et signifie “étoile” pour d’autres, mot d’origine hébraïque signifiant “caché”). Esther est très belle et elle est emmenée par les envoyés du roi pour lui être présentée. Mardochée lui recommande de cacher son origine au roi et Esther est choisie comme reine.
Mardochée, inquiet pour Esther, vient tous les jours s’asseoir à la porte du palais ; un jour, il entend deux officiers de la cour, Bigtan et Teyresh, comploter pour tuer le roi. Il envoie un message à Esther pour qu’elle avertisse le roi. Les deux officiers sont pendus et le fait est consigné dans les annales du royaume.
Assuérus comble ensuite d’honneurs un certain Haman – המן, Homen –, fils d’Agag, de la peuplade des Amalécites, homme fier et arrogant, qui s’est enrichi de façon douteuse. Celui-ci a pour ancêtre un certain Amalek, qui a attaqué le peuple hébreu du temps de Moïse, notamment les vieillards et les plus faibles. Les Perses doivent désormais se prosterner devant Haman ; Mardochée, lui, refuse de le faire en disant qu’il est juif et se prosterne uniquement devant Dieu. Quand il en prend connaissance, Haman est pris d’une grande colère et décide de se venger non seulement de Mardochée, mais aussi de tout le peuple juif. Haman consulte le pour, c’est-à-dire le sort, pour savoir en quel mois on pourrait anéantir les Juifs, et le sort désigne le mois de Adar, (qui correspond au mois de mars).
Haman va dire au roi que les Juifs refusent d’observer les lois du royaume ; il lui demande de donner l’ordre de les faire périr en échange de quoi il versera dix mille talents au trésor du roi. Assuérus accepte le conseil d’Haman et lui dit de faire tout ce qu’il veut. Le treizième jour du mois d’Adar, Haman décrète l’ordre, scellé du sceau royal, d’anéantir tous les Juifs du royaume.
Mardochée a connaissance du décret ; il se couvre d’un vêtement de deuil et se lamente dans toute la ville, dans l’espoir que Dieu l’entendra, et tous les Juifs se lamentent avec lui. Mardochée envoie un message à Esther pour qu’elle demande au Roi la grâce de son peuple. Esther lui répond qu’elle n’a pas été conviée chez le Roi depuis trente jours et que toute personne venant le voir sans avoir été conviée est mise à mort. Mais Mardochée l’avertit alors de ne pas croire qu’elle échappera seule au danger tandis que les Juifs périssent. Si elle garde le silence, les Juifs seront sauvés et elle sera perdue. C’est peut-être pour accomplir cette mission qu’elle est devenue reine. Esther fait demander à tous les Juifs de jeûner comme elle pendant trois jours.
Esther se rend ensuite chez le roi, trouve grâce à ses yeux et le roi lui accorde par avance toute requête qu’elle pourrait lui adresser. Elle lui demande de venir avec Haman au festin qu’elle a préparé et leur annonce qu’elle formulera une grande faveur le lendemain. Haman, soulagé, passe au retour devant Mardochée, qui ne se prosterne pas devant lui. Il rentre chez lui en colère et sa femme lui conseille de faire dresser une potence pour Mardochée, ce qu’il fait.
Cette nuit-là, le roi est empêché de dormir par des cauchemars qui le tourmentent. Il demande à son serviteur de lui lire les annales du Royaume et il entend le passage qui raconte comment Mardochée lui a sauvé la vie en dénonçant le complot tramé contre lui. A l’aube, il fait entrer Haman, qui attend devant la porte que le roi se réveille pour lui demander l’autorisation de faire pendre Mardochée. Le roi demande alors à Haman : “Que convient-il de faire pour l’homme que le roi désire honorer ?” Haman, certain que c’est de lui-même qu’il s’agit, propose “que cet homme soit revêtu de vêtements royaux, qu’on le fasse monter sur le cheval du roi, qu’il porte une couronne sur la tête, qu’on lui fasse parcourir les rues de la ville et qu’un noble seigneur marche devant lui en proclamant “c’est ainsi qu’est traité l’homme que le roi veut honorer ! “. Et Haman est obligé d’accomplir au profit de Mardochée tout ce qu’il a conseillé au roi !
Haman et Assuérus se rendent ensuite au deuxième festin qu’a préparé pour eux la reine Esther. Celle-ci demande alors au roi d’accorder la vie sauve au peuple juif et désigne Haman comme l’homme cruel qui a ordonné sa destruction. Le roi, furieux, annule le décret d’Haman, Esther révèle à Assuérus son lien avec Mardochée qui est promu grand vizir, et Haman est pendu sur la potence qu’il a fait préparer pour Mardochée.
Les derniers versets de la Meguilla (§ ci-dessous) rapportent la vengeance des Juifs, qui font pendre les dix fils d’Haman et massacrent leurs ennemis.
Le quatorzième jour du mois d’Adar est donc celui où les Juifs ont été délivrés de leurs ennemis. Esther et Mardochée demandent qu’il soit célébré par toutes les générations à venir. Ainsi naît la fête de Pourim.
L’histoire est sans doute fictive, mais elle reflète bien la vie à la cour de Perse, dont l’Empire s’étendait alors de l’Inde à l’Égypte. En 539 av J.C., Cyrus II le Grand avait pris Babylone et rendu aux différents peuples leur liberté religieuse ; il avait autorisé les Juifs, alors en exil depuis cinquante ans, à retourner en Judée. On peut penser qu’Assuérus serait Xerxès Ier, fils de Darius Ier, qui régna au Ve siècle av J.C.
Les personnages
La Meguilla
La Meguilla d’Esther (די מגילת אסתּ) ou Rouleau d’Esther comprend dix chapitres. Ce texte appartient à la troisième section de la Bible hébraïque, les Ketouvim (les écrits) ou Hagiographes (écrits saints). Il a été inscrit tardivement dans la Bible hébraïque, entre le IVe et le IIe siècle avant notre ère.
Selon le Talmud, le livre d’Esther a été rédigé par Mardochée ou les autres membres de la Grande Assemblée, après 455 av J.-C. et vers 150 av J.-C. selon certains spécialistes. Le manuscrit n’a pas été trouvé sur le site des grottes de Qumran où l’on a découvert les manuscrits de la mer Morte, les plus anciens manuscrits hébraïques actuellement répertoriés.
On trouve dans la Septante des versions grecques du livre d’Esther, rédigées au IIe siècle av J.-C., qui incluent de nombreux passages supplémentaires, notamment un songe d’Esther et des prières d’Esther et Mardochée. Ces textes ne figurent que dans les Bibles catholiques.